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Marie Rose

En préparant l'acte symbolique pour clore mon travail sur la place de mon arrière-grand-mère et de son frère, je retombe sur la photo de sa tombe.

Alors que je me demande pourquoi j’ai eu besoin de la prendre en photo il y a quelques années, je réalise tout à coup que son nom n’y figure pas : elle est enterrée sous le nom de son mari, mort pourtant très longtemps avant elle. Mari qu'elle n'avait pas choisi et qui lui mena la vie dure (pour le moins).


Je sais bien que cela pouvait être l’usage, mais j’ai trouvé cela injuste et invisibilisant. Qui plus est, ce nom précédé juste de «Mme» est inscrit sur le côté, tout en bas de la tombe et ne se montre que si on le cherche, comme si toute trace de qui elle fût avait été effacée. Comme si son identité n’avait aucune importance, alors qu’elle fut, malgré toutes ses douleurs, sans doute une référence absolue de gentillesse, ce qui n’était pas la principale qualité dans cette famille.


J’avais l’intention de faire faire une plaque avec le nom de son frère, enterré près du champ de bataille où il tomba j’ai donc ajouté le sien et tant que j’y étais, celui de leur sœur, enterrée au même endroit, et dont on dit qu'elle finit folle.


Si, pendant longtemps j’ai remis cela à plus tard, outre le fait que le timing échappe bien sûr à un planning conscient et que tout prend son sens au moment où c'est juste, c’est aussi parce que je ne voyais pas très bien comment faire pour commander une plaque funéraire, ni à qui je pouvais faire appel à distance.


Mais sur internet, tout est possible. Le catalogue est à portée de clic (lecoqfunéraire.fr par exemple). J’ai choisi le matériau, la forme, la police de caractère (on peut aussi ajouter des photos) et j’ai été livrée deux jours plus tard, juste à temps pour glisser le précieux paquet dans ma valise, direction Rennes.


C’est ainsi qu’un samedi de Novembre, après un atelier « montage de plaque funéraire », j'ai acheté des roses et passé un petit moment près des tombes pour, me semble-t-il, mettre un joli point final à tout un parcours d’intégration des transmissions entre mon arrière-grand-mère et moi et aussi pour une réparation qui m’a semblé être celle à réaliser de ma place.




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